Sur son site internet, l'OCP permet à chaque citoyen de signaler, par un formulaire simple, une publicité qu'il considère abusive. Mais abusive dans quel sens ? Nous en avons abondamment discuté avec les 6 autres associations fondatrices de l' OCP.
L'importance de pouvoir signaler le greenwashing n'a pas fait débat, elle est au centre des problématiques de discours, et la condamnation il y a seulement quelques jours du géant Total Energies pour pratiques commerciales trompeuses est là pour nous le rappeler1.
Nous sommes rapidement tombés d'accord aussi sur le fait que le blanchiment d'image, ce n'est pas uniquement un enjeu écologique, car trop d'entreprises diffusent aussi des discours trompeurs sur leurs pratiques vis-à-vis des travailleurs et des populations affectées par leurs activités de production, le plus souvent dans des pays à la main d'œuvre bon marché. Deux des associations fondatrices de l' OCP, Shera et les Amis de la Terre, pointent régulièrement ces enjeux, et Sherpa en particulier travaille abondamment sur ces questions. Les signalements pour tromperie incluront donc aussi les problématiques de socialwashing.
Nous avons également voulu nous attaquer à une question peut-être plus difficile à appréhender, mais pas moins centrale dans la communication commerciale : les incitations publicitaires à la surconsommation. Mais comment différencier une incitation à la surconsommation d'un simple discours commercial ? C'est justement ce que nous comptons préciser dans le cadre du travail de l'OCP.
Notre association Communication et démocratie a abondamment travaillé sur la question de la « surconsommation », notamment dans le rapport que nous avons publié en 2022 avec l'Institut Veblen (également membre fondateur de l' OCP)2. L'association Halte à l'Obsolescence Programmée, membre fondateur de l' OCP, a publié en mars 2025 un rapport sur l'obsolescence marketing - le fait de renouveler prématurément un produit encore fonctionnel - qui place au centre le rôle des discours publicitaires3. ZéroWaste France, autre membre fondateur de l' OCP, pourra également mettre à profit son expertise relative à l'accumulation des déchets pour mieux comprendre la fonction de certains discours publicitaires dans les comportements de gaspillage. Nous avons les armes pour qualifier les discours incitant à la surconsommation, et beaucoup d'appétit pour le faire.
Mais allions-nous produire un outil permettant à toutes les citoyennes et tous les citoyens de signaler des publicités qui leur paraissent problématiques tout en nous limitant au seul terrain de la transformation écologique et sociale sur lequel nous étions particulièrement légitimes ? Cela aurait été dommage, et Résistance à l'agression publicitaire (RAP), autre membre fondateur de l'OCP a fait une proposition forte : clairement, sur les enjeux publicitaires, les questions de stéréotypes dégradants sont importantes, et nous devrions mettre à profit l'OCP pour avancer aussi sur cette question. RAP a déjà travaillé activement sur la question du « publisexisme »4 et l'association Pépite Sexiste, une référence sur ces sujets, a rapidement exprimé son engouement pour le projet. Nous avons alors adopté une approche ouverte à l'ensemble des stéréotypes dégradants, car la question concerne aussi les minorités visibles, les handicapés et d'autres populations qui peuvent être vulnérables.
Finalement, l'OCP sera donc aussi un « bien commun », un outil au service d'une variété de luttes et d'une variété d'organisations de la société civile actives dans différents domaines d'expertise. Nous sommes sans doute allés dans le bon sens puisque de nombreuses organisations - 13 à ce jour - n'ont pas tardé à confirmer leur intérêt de devenir partenaires du projet. Il est difficile d'entrer plus en détail sur les précieuses forces que chacune apporte à la Coalition, mais vous pouvez retrouver plus d'informations sur chacune d'ente elles sur le site de l' OCP.