Décryptage de la dernière version de Stratégie alimentation nutrition climat

Communication et démocratie, en lien avec 58 autres organisations de la société civile, a décrypté la proposition du gouvernement pour une Stratégie nationale alimentation nutrition climat. Concernant l'enjeu de la communication pour la malbouffe, la proposition actuelle du gouvernement s'appuie uniquement sur des mécanismes volontaires (non contraignant) et elle est largement insuffisante.

Une SNANC qui se faisait attendre

La Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC) est prévue par la loi Climat n°1104-2021, dans la continuité des recommandations de la Convention Citoyenne pour le Climat. La loi exigeait une publication de la SNANC pour juillet 2023.

  • Pour son élaboration, le gouvernement avait chargé début 2023 le Conseil national de l’alimentation (CNA) et le Haut conseil de santé publique (HCSP) de lui remettre leur avis pour l’élaboration de la SNANC. Membres de la société civile, nous nous sommes largement mobilisés cette même année, transmettant au gouvernement 13 recommandations prioritaires et multipliant les communications publiques, dont une lettre ouverte signée par 105 organisations. Ces contributions convergent très largement avec celles du CNA et du HCSP et avec les rapports récents de France Stratégie et du Haut Conseil pour le Climat, également sur la future SNANC. Toutes insistaient sur la nécessité :
  • d'améliorer la cohérence entre les programmes portant sur l'alimentation émanant des différents ministères ;
  • de transformer l’offre et les environnements alimentaires plutôt que de faire reposer le fardeau du changement sur le consommateur, en prenant des mesures incitatives et contraignantes à l’égard des acteurs économiques (industriels, distributeurs, restaurateurs) ;
  • de faire évoluer les régimes alimentaires vers “moins mais mieux” de produits d’origine animale, et davantage d’aliments végétaux de qualité (fruits et légumes, légumineuses, fruits à coque, produits céréaliers complets).

Finalement annoncée à l’occasion du Salon International de l’agriculture en 2025 et désormais mise en consultation, la première mouture de la SNANC compile 82 actions au service de 20 objectifs, ainsi que 7 objectifs chiffrés pour 2030 et 15 actions phares dont la mise en oeuvre est prévue dans les prochains mois.

 

Un progrès pour la mise en oeuvre d’une politique de l’alimentation

Globalement, les thématiques et les objectifs de la SNANC correspondent dans les grandes lignes aux recommandations de la société civile, ce que nous saluons. La Stratégie marque un réel progrès vers la définition et la mise en oeuvre d’une politique de l’alimentation qui nécessite une approche interministérielle, pour tenir compte de l’ensemble des enjeux écologiques, de santé, agricoles et sociaux qu’elle soulève.

Elle présente l’intérêt de mobiliser des leviers qui dépassent les seuls dispositifs d’information et de sensibilisation du consommateur : des mesures qui visent le changement de l’offre et de nos environnements alimentaires pour les rendre plus favorables à la santé et à la durabilité, ciblant les industriels, les distributeurs et le secteur de la restauration hors-foyer.

Des mesures centrales trop timorées pour une stratégie à la hauteur des enjeux

Des mesures centrales sont absentes ou trop timorées pour une stratégie à la hauteur des enjeux auxquels elle s’attaque.
Par comparaison avec une version antérieure, le texte mis en consultation ce mois d’avril a été amputé d’une mesure centrale et prioritaire, à savoir l’Action n°31 visant à “Réduire efficacement l’exposition des enfants et des adolescents aux publicités et parrainages pour des produits trop gras, sucrés, salés, sur les différents médias (traditionnels et numériques) par un renforcement à terme du cadre réglementaire”, suite à un arbitrage de Matignon. Un choix qui contraste avec la décision du gouvernement britannique d’interdire la publicité pour la malbouffe sur internet et à la télévision en journée à compter du 1er octobre 2025.

Les recommandations communes relatives à l'encadrement de la communication commerciale

7. Interdire la publicité et le marketing pour des produits trop gras, trop sucrés et trop salés, en particulier lorsque ces activités ciblent les enfants, et obliger l'affichage du Nutri-score sur les emballages des produits alimentaires et dans toutes leurs publicités.
8. Encadrer les promotions alimentaires sur l’ensemble des supports promotionnels des distributeurs, selon les recommandations du PNNS (Programme national nutrition santé) et en incluant une part de produits biologiques hors ultratransformation.

Nous protéger de la publicité pour la malbouffe

En raison de ses aspects délétères, la communication commerciale pour des produits à teneur élevée en gras, sucre et sel doit être davantage régulée. Elle contribue depuis plusieurs années à la massification de mauvais comportements nutritionnels et …

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