Gagner la bataille du Nutriscore
Pour lutter contre les dérives des stratégies d'influence de l'industrie de la malbouffe, il nous parait nécessaire d'interdire avant tout la publicité pour les produits les plus délétères, puis d'informer les consommateur sur la qualité nutritionnelle des autres produits.
Un système d'étiquetage nutritionnel à cinq niveaux, allant de A à E et du vert au rouge, établi en fonction de la valeur nutritionnelle d'un produit alimentaire, a été développé par le monde universitaire en lien avec les pouvoirs publics : le Nutri-Score. Son efficacité sur les comportements des consommateur est désormais acquise.
Malgré l'important dispositif de lobbying mise en place par les industriels pour lutter contre l'imposition par les pouvoirs publics du Nutri-Score, conduisant notamment en France à limiter son utilisation à une base volontaire, la Commission européenne a annoncé en mai 2020, dans sa stratégie « De la ferme à la table », la volonté d'instaurer le Nutri-Score de manière obligatoire pour toute l'Europe. Le Centre international de recherche sur le cancer demandait à la Commission de bien rendre obligatoire le Nutri-Score, partout et de toute urgence. Le 19 octobre 2021, le parlement européen votait en faveur de ce mécanisme. Mais le lobby des grandes marques se bat toujours activement contre l'adoption définitive de ce mécanisme sur une base contraignante, et propose un logo alternatif, le Nutrinform Battery. Celui-ci conduit à des évaluations moins exigeantes, et une information du consommateur moins efficace. En 2022, la Commission doit présenter son projet détaillé de directive sur la question.
Construire un dispositif d'ensemble véritablement efficace
Communication et démocratie considère qu'un dispositif efficace pour lutter contre les dérives de l'influence commerciale pour les produits trop gras, trop sucrés et trop salé, vis-à-vis de l'ensemble de la population, doit passer par :
Rendre obligatoire, dans l'Union européenne, l'apposition du Nutri-Score sur la face avant des produits et sur tous les supports de communication pour ces produits ;
Le déploiement de dispositifs de sensibilisation des consommateurs aux enjeux de « qualité nutritionnelle », afin que le public perçoive la distinction vis-à-vis des enjeux sanitaires (pesticides, additifs, etc.) et environnementaux (bio, local) ;
L'interdiction de tous messages de communication (tous médias confondus) pour les produits de Nutri-Score D et E ;
En direction des jeunes enfants, un dispositif spécifique doit être mis en place. Il doit passer par :
L'interdiction tous messages de communication pour les produits de Nutri-Score C de 7h à 23h sur tous les médias audiovisuels et numériques ;
L'interdiction de l'usage des procédés publicitaires destinés aux enfants et auxquels ceux-ci sont particulièrement sensibles comme les mascottes (dont l'usage de personnages de dessins animés) et les célébrités représentant la marque.