Libre de tout cadre juridique, la fonction de la communication RSE va alors être de produire, et diffuser vers les publics stratégiques, un récit alternatif à celui qui peut émerger des dénonciations des pratiques condamnables de l'entreprise. Elle permet ainsi de mettre en doute la crédibilité de ces dénonciations en apportant une autre version des faits dénoncés : la communication RSE aura généralement tendance à minimiser voire occulter les impacts identifiés des activités de l'entreprise, en recourant à d'autres outils d'évaluation.
Par ailleurs, au-delà de la mesure des résultats, la communication RSE développe avant tout, si ce n'est uniquement, des aspects relatifs aux efforts de l'entreprise, y compris vis-à-vis d'enjeux qui sont éloignés de ceux directement identifiés comme sensibles. Vers le grand public et les décideurs, la communication RSE de l'entreprise pour ainsi avoir pour fonction principale de noyer les informations relatives aux dénonciations de ses pratiques. Il s'agira de générer un bruit médiatique, par des vagues de messages relatifs aux externalités positives que l'entreprise s'attribue. Face aux accusations de mauvaises pratiques sociales et environnementales, la communication RSE de la marque va ainsi limiter la portée informationnelle des critiques sur ses activités, et y opposer publiquement une puissante image éthique et vertueuse d'elle-même et de ses produits. Il convient aussi de noter que l'objectif n'est pas uniquement de faire diversion auprès des associations ou du grand public, car la stratégie RSE va généralement utilement nourrir le lobbying des entreprises sur le terrain politique.
En définitive, une grande entreprise qui, en raison des orientations votées par ses actionnaires, poursuit avant tout la maximisation du rendement financier, y compris en s'appuyant sur des pratiques sociales et environnementales prédatrices, pourra avoir recours à la communication RSE comme stratégie de blanchiment d'image publique et politique, afin de maintenir son modèle économique.